Le Docteur Laurent Schmoll, oto-rhino-laryngologiste Strasbourgeois, dépose son premier brevet à l’origine du Smart Scope, en 2013. Depuis, il n’arrête plus d’innover pour se positionner en facilitateur de son métier, mais aussi ceux de ses confrères afin d’améliorer le quotidien des patients.
Le docteur Schmoll exerce son métier depuis plus d’une vingtaine d’année lorsqu’il a l’idée d’un endoscope miniature, à coupler avec un smartphone, toujours plus performant. A partir de là, il va nouer de nombreux partenariats, jusqu’à son dernier projet en télémédecine auprès d’un public bien précis : les EHPAD.
Endoscope : appareil permettant d’observer les cavités (oreilles, nez, bouche, …)
Le système optique breveté par le Docteur Schmoll, le Smart Scope, matérialise la plus petite colonne endoscopique du monde. Elle permet de faire des photos avec une très bonne définition des tympans en particulier. En 2015, le Docteur Schmoll accorde une licence exclusive à l’industriel allemand Karl Storz, qui, en 2017, en a vendu plus de 1.500 à travers le monde. Ce Smart Scope est, en moyenne, 10 fois moins cher qu’une colonne endoscopique classique de consultation (10 à 15 000€). Le docteur Schmoll nous explique :
« Des smartphones, il s’en vend 1.5 milliard par an tous constructeurs confondus. La qualité optique des caméras progresse à chaque génération et sans doute aurons-nous bientôt des smartphones avec des écrans 3D »
De l’endoscope à l’application web : i-Nside
Après l’utilité avérée du Smart Scope, le Docteur Schmoll a voulu aller un cran plus loin, en proposant, via un algorithme d’intelligence artificielle, une application permettant de repérer, avec une excellente fiabilité, un certain nombre de maladies des tympans. De là est née l’application i-Nside, disponible sur iOS, capable de détecter, grâce à une base de donnée de 100 000 images de tympans, de nombreuses pathologies. Associée à la startup américaine Clarifai, spécialisée en deep learning l’application i-Nside propose un diagnostic (otite, perforation, bouchon,…) à partir d’une simple photo. Cette application, pourrait également, si on lui fournit les bases de données images, être appliquée aux domaines de l’ophtalmologie, de la radiologie, ou encore de l’histologie (étude des tissus). Le Docteur Schmoll nous le rappelle :
« L’oeil humain voit 10 nuances de gris tandis qu’un ordinateur en perçoit 100 ainsi que de nombreux autres détails, cela signifie qu’à terme l’analyse des images sera systématiquement confiée aux machines. »
Cette application a pour objectif de remplacer le médecin ORL dans les zones non médicalisées de la planète. Le Smart Scope et l’application utilisés par une infirmière pourraient s’avérer d’une grande aide pour certaines ONG. Pour mémoire, chaque année 800 millions d’otites sont détectées dans le monde dont 20 000 conduisent au décès (certaines otites non soignées dégénérant en méningites).
Le seul écueil pour la diffusion de cette application est le coût des certifications et marquages (FDA et CE), environ 400 000€. Seule une fondation, comme celle de Bill Gates, qui apporte de l’aide médicale dans les zones les plus reculées de la planète pourrait prendre en charge les coûts de certification.
Dernier point fort de cette application : elle ne nécessite pas de connexion internet et ne pèse que 500Mo. Ainsi est elle totalement autonome une fois chargée dans un smartphone.
De l’application à la télé-médecine : TokTokDoc
Cette possibilité de réaliser un diagnostic à distance permet de soulever un enjeu important : la télémédecine et plus particulièrement le suivi des patients en EPHAD. En effet, le ministère souhaite que d’ici la fin 2020 tous les EPHAD puissent être équipés en télémédecine. Il existe une bonne raison pour cela. Sur les quelques 800 000 résidents en EPHAD en France, la moitié, soit 400 000 personnes passent un séjour hospitalier de 20 jours en moyenne par an, pour coût unitaire de 21 000 euros soit un coût de plus de 8 milliards d’euros.
Il a été constaté qu’en suivant, grâce à la télémédecine, de façon plus régulière ces patients, il était possible d’éviter 50% de ces hospitalisations soit environ 4 milliards d’économies potentielles à qualité de soins égales voir supérieure.
Voilà pourquoi le Docteur Schmoll a développé un service de télémédecine, TokTokDoc, qui est à l’heure actuelle déployée dans plus de 110 EPHAD sur le territoire national. 60% des EHPAD équipés de la solution TokTokDoc sont situés dans le Grand Est. Grâce à une collaboration avec SOS Médecins, certains EHPAD, situés dans l’Eurométropole, bénéficient de la Permanence Des Soins, grâce à la télémédecine, la nuit et les week-end de nuit.
Le service TokTokDoc comprend une tablette mobile et un stéthoscope connecté pour l’examen des patients. Mais attention :
« la télémédecine vient en complément de la médecine physique, elle n’a pas vocation à remplacer le contact humain«
nous rassure le Docteur Schmoll. L’application permet une mise en situation du patient dans la même configuration qu’en consultation présentielle. Le patient pénètre avec l’infirmière dans une salle d’attente virtuelle. Par l’intermédiaire d’une tablette l’infirmière à son chevet transmet des images (scanners, examens sanguins etc…) au médecin à distance, lequel est derrière son ordinateur. L’infirmière utilise le stéthoscope et le médecin ausculte ainsi à distance le cœur et les poumons. Au cours de la téléconsultation, le médecin rédige les ordonnances en direct et le personnel soignant peut immédiatement les télécharger, imprimer et délivrer le traitement au patient.
Au niveau de la sécurité des données, le serveur est sécurisé et aucune donnée n’est conservée hormis le nom-prénom et le numéro de sécurité sociale, données imposées par l’ARS pour permettre une traçabilité des échanges.
Aujourd’hui la CNAM autorise des consultations dans toutes les spécialités médicales mais tous les actes ne peuvent, bien entendu, pas être réalisés à distance. TokTokDoc recrute des professionnels de santé de toutes spécialités qui s’engagent à mettre à sa disposition des plages horaires réservées aux téléconsultations. Les consultations médicales sont payées aux médecins et les patients sont remboursés, par l’assurance maladie, sur les mêmes bases que les consultations en présentiel.
A l’heure actuelle, 4 à 6 téléconsultations ont lieu par semaine et par établissement, mais ce chiffre est en constante progression et s’adapte aux besoins des résidents. Le coût pour cet outil ? Environ 5 000 euros par an / établissement.
Et la suite …?
Le développement de la télémédecine à domicile, dans les déserts médicaux en France, représente un besoin sanitaire qu’il est important de combler notamment avec une population vieillissante. En lien avec différentes associations qui maillent le territoire, TokTokDoc développe de nouvelles solutions adaptées aux besoins médicaux. Les maisons de santé, les résidences seniors mais aussi les prisons (ndlr : le coût du transport prison-médecin pour un détenu est estimé à 800€) et les pharmacies sont autant de futurs objectifs de développement pour un service qui répond à un manque et qui ne cesse de grandir.
Pour en savoir plus : site internet Toktokdoc