Nous ne connaissons encore que peu de choses à propos du COVID19. Nous savons en revanche que sa persistance sur différents matériaux peut durer de quelques minutes à plusieurs heures. Cette résistance sur des matières encore non identifiées peut s’avérer problématique, en premier lieu dans les milieux hospitaliers ou dans des lieux de forte fréquentation. C’est là qu’intervient la startup SPARTHA MEDICAL…
Créée en 2019, la start-up deeptech SPARTHA MEDICAL, issue des travaux de recherche de l’Inserm à Strasbourg, s’apprêtait à conquérir le marché hospitalier avec son spray antimicrobien. En quelques jours, la start-up s’est repositionnée sur le marché des antiviraux, et pourrait permettre d’éliminer le Covid-19 de n’importe quelle surface. Un premier produit pourrait être disponible d’ici quelques mois.
Au départ, le chercheur Philippe Lavalle, de l’unité INSERM « biomatériaux et bio-ingénierie » cherchait à créer un revêtement anti inflammatoire pour répondre aux problèmes d’inflammation des tissus autour des implants. Il est alors apparu que ce revêtement, en couplant deux biopolymères possédait également des propriétés anti-microbiennes.
Un financement de l’institut Carnot-MICA va permettre un premier financement, suivi par le soutien de la commission européenne. La SATT-Conectus va alors repérer ce projet et le pousser à maturation, ce qui va laisser place à 4 dépôts de brevets et une startup ; SPARTHA MEDICAL, crée en octobre 2019. Depuis, cette startup est accompagnée par l’incubateur SEMIA.
Les sprays en lutte contre les maladies nosocomiales
SPARTHA MEDICAL s’attaque en priorité au marché hospitalier et aux maladies nosocomiales (ndlr : infection contractée dans un établissement de santé), responsables de 4000 décès en France chaque année. Le secteur médical représentant entre 20 à 25% du CA L’objectif étant une décontamination fiable rapide et simple d’utilisation, à la fois sur les dispositifs médicaux type cathéters et sondes mais aussi sur des implants en tous genre ainsi que pansements. Mais elle envisage également d’autres secteurs d’activité comme l’aérospatial, la mode, l’énergie et l’environnement.
Ce produit aurait dû être commercialisé courant du mois de mars, mais voilà que le calendrier vient bousculer le planning de la startup. C’est alors que les Professeurs Philippe Lavalle et Lionel Limousy ainsi que les docteurs Nihal Engin Vrana et Angela Mutschler se penchent sur la question de l’antiviralité de leur solution, au départ sous forme de gel avant d’être intégré en spray. En changeant un composant, ils pourraient rendre le dispositif efficace contre le COVID19. Le gel, déposé sur tout type de surface, équipement et matériels, permet de déposer une couche fine micrométrique :
« Il n’empêche pas le virus de s’y déposer mais une fois déposé, il le détruit. La surface agit pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours. On pourrait traiter non seulement les surfaces dans un hôpital ou un Ehpad, mais également des équipements de protection, ce qui permettrait de renforcer et prolonger leur efficacité, et lutter ainsi contre la pénurie de ces équipements. »
explique Philippe Lavalle.
Des financements de l’Agence Nationale de Recherche
Aussitôt les premières pistes engagés, l’équipe a fait appel à l’Agence Nationale de Recherche (ANR) pour disposer d’un financement permettant de mettre au point le dispositif. Car si son utilisation contre le virus peut s’avérer intéressante, des études sur son impact sur les cellules humaines sont encore à définir de même que les molécules virucides contre le COVID19. Un partenariat a été établie entre les équipes du Professeur Thomas Baumert de l’institut des maladies virales et l’équipe de SPARTHA MEDICAL.
Durant le temps de réponse de l’ANR, l’institut CARNOT-MICA a octroyé 20 000€ aux instituts afin de pas perdre de temps. Au final, l’ANR financera à hauteur de 200 000 euros sur 18 mois les recherches des scientifiques. Cette somme sera partagée entre le laboratoire de biomatériaux, celui de virologie et la start-up. Le Pr. Limousy nous explique :
« Après l’identification des molécules antivirales non toxiques, nous ferons des films et vérifierons si elles y conservent leur activité contre le virus. Dès la semaine prochaine, cinq personnes pourront retourner travailler dans le laboratoire, le projet devant mobiliser six à dix personnes au maximum. Notre frein actuel, c’est la commande des produits nécessaires. Ils sont très spécifiques et il n’y a qu’un seul fournisseur, avec des transports très aléatoires actuellement. »
Bravo à cette pépite du territoire Strasbourgeois !