Nous avons rencontré le Docteur Arnault Pfersdorff, pédiatre-réanimateur, auteur de 5 best-sellers dans le domaine de l’enfance, chroniqueur et praticien dans le groupement hospitalier Saint-Vincent.
Tandis que les héros de nos enfants se nomment Pat’Patrouille, la reine des neiges ou encore Peppa Pig, les parents ont eux aussi leurs héros. Bien souvent il s’agit de ce professionnel, qui aide, accompagne et soigne la prunelle de leurs yeux ; le pédiatre. En France, cette spécialité a un visage et il est Strasbourgeois ; le docteur Pfersdorff. Il intervient chaque semaine dans l’émission culte que chaque parent connait ; la Maison des Maternelles sur France Télévision. Il y évoque en tant que chroniqueur les bonnes pratiques médicales comme l’allaitement, les maladies infantiles ou encore plus récemment les questions liées au COVID19.
Précurseur de la télémédecine
Nous avions eu le plaisir et l’honneur de rencontrer le Docteur Pfersdorff en 2017. Cette année, la plateforme pédiatre online est lancée et permet de faire du téléconseil 24h/24h 7j/7j grâce à la trentaine de praticiens pédiatriques Francophones autour du monde (https://www.medtech-strasbourg.eu/fr/pediatre-online/). Entre temps, la législation évolue et la télémédecine permet à présent le remboursement des actes de téléconsultation. De 3000 visiteurs/jour il y a 3 ans, le site est en moyenne autour de 10 000 visites journalières avec des pics, comme durant le confinement à 50 000 visiteurs uniques. Les patients sont principalement issus de France (à 90%) et les 10% restant concernent les expatriés qui sont rassurés de faire appel à un médecin qui parle leur langue lorsque les enfants présentent des symptômes d’une pathologie. Les déserts médicaux également sont couverts par cette plateforme qui permet de dialoguer avec les parents éloignés des cabinets de pédiatrie.
Les questions lors des téléconsultations concernent bien souvent l’alimentation, le sommeil, les vaccins, pathologies récurrentes… Les nombreux articles pédiatriques alimentent le blog, et sont tous écrits par des pédiatres, ce qui implique que le site affiche ce taux de consultations quotidien. Le Docteur Pfersdorff nous explique :
« Aujourd’hui la visio se démocratise, il existe une multitude d’interfaces qui permets aux médecins, quelles que soient leurs spécialités, d’utiliser la leur. Au niveau de la technologie, tant qu’il y a de la vidéo, du son et de bons algorithmes pour crypter les données, peu importe. Ce qui est important aujourd’hui c’est la formation des médecins. Certains ne voudront jamais faire de la visio même si la COVID change un peu la donne. Le diagnostic rapide est la clé; en 2 ou 3 questions il faut savoir si la téléconsultation peut suffire ou si une rencontre physique est nécessaire. La responsabilité que ce soit en visio ou présentiel est toujours celle du médecin. Mais pour nous, la visio est un outil complémentaire dont le médecin doit se saisir pour le confort du patient. «
Dr. Arnault Pfersdorff
Diffusion du savoir
Le Docteur Pfersdorff exerce avec toujours autant de passion son métier qu’à ses débuts « il y a entre 30 et 40 ans ». Son engagement et sa bienveillance se traduisent remarquablement bien dans ses différents livres qui aident les jeunes parents. Mais cela ne s’arrête pas là. Après avoir lancé Pédiatre Online, l’émission culte des parents « la Maison des Maternelles » diffusée sur France 4 le convie pour parler de cette plateforme. L’échange se passe bien et l’émission le recontacte une deuxième fois en tant qu’expert en pédiatrie, puis une troisième. Jusqu’à ce que la chaîne lui demande d’animer une nouvelle rubrique pédiatrique.
Intervenir dans ce type d’émission est formidable car c’est un moyen de transmission important. Le poids des médias permet de faire passer des messages et ce que j’apprécie plus que tout, c’est que je choisis les messages que je veux faire passer. En hiver ou en été, les problématiques de santé ne sont pas forcément les mêmes, donc j’adapte en fonction de l’actualité pour rassurer un maximum de parents. En mars, lors de la première vague, nous étions extrêmement sollicités il était absolument vital et nécessaire de se tenir informé tout le temps et de peser chaque mot à la télévision. Ne pas noyer le spectateur avec trop d’informations, ni trop de technicité, cela a un effet contre-productif.
Dr. Arnault Pfersdorff
COVID19 & enfants
Au mois d’avril, déjà bien éprouvé par deux mois de confinement, une hypothèse selon laquelle les enfants sont touchés par la maladie de Kawasaki, en lien avec le virus COVID19 émerge. Une vague de panique s’empare alors des Français. Il a donc du réaliser des enquêtes scientifiques de fond pour comprendre la corrélation entre ces deux facteurs, toujours en cours. Mais le docteur Pfersdorff se veut rassurant :
A l’heure actuelle, en France, il n’y a eu aucun enfant qui soit décédé suite au COVID19. Aujourd’hui le constat est fait que les enfants de moins de 15 ans sont moins touchés par ce coronavirus. Deux pistes sont étudiées. La 1ère serait les récepteurs nasaux, qui, n’ayant pas le même développement que ceux des adultes les protègent davantage. La seconde serait que les multiples contacts au quotidien les mets davantage en relation avec d’autres coronavirus, ce qui implique une meilleure immunité. En revanche, les enfants sont porteurs. Donc il est essentiel de maintenir les gestes barrières, particulièrement avec les populations vulnérables.
Dr. Arnault Pfersdorff
Expliquer et impliquer
Si des incertitudes au niveau physique demeurent notamment les raisons de cette immunité, au niveau psychique le Docteur nous rassure :
Lors de la première vague, comme personne ne savait vraiment si les enfants étaient possiblement touchés, nous n’imposions pas de masques ou de restrictions particulières à l’enfant. De facto, ils se sont sentis exclus. Exclus d’un événement, collectif et mondial, auxquels ils n’avaient pas l’impression de participer, de pouvoir contribuer. Or, personne ne demande plus à s’investir qu’un enfant. Maintenant que le port du masque est exigé pour les enfants à partir de 6 ans, ce sont les premiers à le mettre volontiers . Les enfants corrigent même l’entourage qui le porte de la mauvaise façon. Ils se sentent impliqués et donc responsabilisés. Un enfant, à partir de 2 ans, comprend les règles et le dialogue ainsi, pour sa construction future, nous devons leur expliquer les choses. Il doit être associé aux adultes pour que ce dernier lui explique, sans forcément imposer. L’objectif d’un parent est d’aider un enfant à se construire pour qu’il devienne un adulte stable et heureux.
Arnault Pfersdorff
Au niveau des cliniques, dans lesquelles le Dr. Pfersdorff exerce, le mode opératoire des accouchements est à présent bien rôdé. Lors de la 1ere vague en mars dernier, les protocoles se mettaient en place, de façon laborieuse, ce qui impliquait que même les pères ne pouvaient être présents pour les naissances. Aujourd’hui, entre les fléchages, les désinfections et protocoles dûment respectés, les futurs parents peuvent envisager un accouchement plus serein. Les jeunes parents regagnent également leur domicile plus rapidement, avec des aides-soignants et personnels para-médicaux à domicile, ce qui leur permet de rapidement sortir du stress hospitalier.
La stabilité de l’enfant avant tout
Le climat actuel engendre bien entendu des tensions. Le chômage, la maladie, la perte de contacts entraîne bien souvent des crises au sein de la cellule familiale. C’est en partie pour cette raison que le gouvernement a opté pour une ouverture des écoles pour l’ensemble des classes.
Les parents peuvent être en souffrance, c’est compréhensible, mais l’intérêt de l’ouverture des classes est que l’enfant est -au moins en journée- préservé de cela. Le corps enseignant fait un travail merveilleux car ils jonglent entre toutes les contraintes sanitaires et sont un soutien de première ligne pour les enfants en difficulté, qui ont pu être fortement impactés par la première vague. Il y a une phrase qui me parle beaucoup : « l’enfant est le père ou la mère de l’adulte qu’il sera ». Il ne faut jamais oublier que c’est grâce à l’amour et à la bienveillance des adultes que l’enfant grandira sereinement et deviendra un adulte stable. Les parents sont débordés, préoccupés, inquiets. Ils ne s’écoutent plus et parce que ça va vite, cherchent des solutions sur les réseaux sociaux ou internet, alors qu’ils ont la solution en eux. Les pseudos conseils sans fondements scientifiques peuvent être anxiogènes, alors qu’une multitude d’articles certifiés existent, il faut juste savoir où chercher. Notre travail en tant que pédiatres c’est d’être là, de rassurer, d’écouter et soutenir mentalement. Etre parents c’est dur et éprouvant, nous avons donc un rôle en tant que scientifiques pour les réorienter correctement.
Dr. Arnault Pfersdorff
Un numéro est à connaitre et diffuser en cas de violences familiales confirmées ou suspectées : 119. Ce numéro vert, régi par le service national de l’enfance en danger, permet d’être mis en contact avec 45 « écoutants » (psychologues, juristes, assistants sociaux entre autres). Cet appel n’apparaît dans aucun historique ou relevé de numéro. Pour information, en 2019, le 119 a reçu 256 000 appels (soit environ 700/jour).
Médecin, chroniqueur et écrivain
Le Docteur Pfersdorff est l’auteur de plusieurs best-sellers :
- « Manuel Bébé Premier mode d’emploi » Nouvelle édition Hachette Famille 286 pages 17,95€ Disponible ICI
- « Mon enfant ne dort pas- 7 solutions » Hachette Famille 64 pages 5,95€ Disponible ICI
- « Mon enfant ne mange pas- 7 solutions » Hachette Famille 64 pages 5,95€ Disponible ICI
- « Mon enfant n’est pas propre – 7 solutions » Hachette Famille 65 pages 5,95€ Disponible ICI
- « 140 jeux d’éveil pour préparer mon enfant à la maternelle » Hatier Editions, 13,50€ Disponible ICI
Un nouveau livre, sur lequel le Dr. Pfersdorff se consacre depuis plus de 2 ans sortira en mai prochain. Une mise à jour du manuel « bébé premier mode d’emploi » est paru en août dernier (avec plus d’informations sur les perturbateurs endocriniens, la diversification menée par l’enfant, les neurotransmetteurs…).
Vous pouvez retrouver le Dr. Pfersdorff sur France 4 dans l’émission « la Maison des maternelles » et consulter son site pediatre online pour retrouver tous ses conseils sur l’enfant.